La capitale régionale du sud-ouest au Cameroun était quasiment à l'arrêt ce lundi, où l'appel à observer une nouvelle "journée ville morte" pour protester contre le refus catégorique des autorités de Yaoundé de trouver une solution à ce qu'on appelle désormais, crise anglophone au Cameroun
La circulation est inexistante dans les principaux quartiers. Les stations-service et les commerces sont toutes fermées, avons-nous constaté sur place et qui n'avons croisé que deux véhicules en parcourant une dizaine de kilomètres dans la ville de Buea ce matin.
Buea "est complètement déserte. Les travailleurs ont préféré rester chez eux", a commenté un haut responsable du ministère de l'Emploi sous le couvert de l'anonymat. Les habitants ont choisi de rester chez eux craignant de subir des ripostes dans le cas où ils ne respecteraient pas l’opération ville morte lancée tous les lundis par des sécessionnistes.
A Bamenda, le fief de la contestation, cité de plus de 500 000 habitants, la ville est restée figée depuis ce matin. Les commerces, les banques, les services publics sont tous clos. Le marché est désert, les étals sont vides. Seule une pharmacie n’a pas tiré son rideau de fer et quelques motos circulent dans les artères vides. Un camion anti-émeute de la police surmonté d’un canon à eau a été déployé à un carrefour, mais les quelques agents qui l’entourent ne semblent pas se préparer à une confrontation.
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Plus d'un an après le début de la contestation dans les régions Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun, le ras-le-bol des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ne s’exprime plus par des manifestations dans la rue mais par une paralysie de toutes les activités.
Il faut rappeler que c’est en octobre 2016 que les avocats anglophones étaient descendus dans la rue pour exiger l’application de la loi anglaise, le Common low, et pour s’insurger contre l’affectation des magistrats francophones ne maîtrisant pas l’anglais dans leurs régions.
Quelques semaines plus tard, les enseignants leur emboîtaient le pas par une grève pour dénoncer la «la francophonisation» du sous-système éducatif anglophone.
Les plus radicaux des activistes ont, plus tard, saisi la crise pour réclamer la séparation du Cameroun avec la création de l’Ambazonie.